J’ai raccroché le téléphone, tu sais et je suis sortie sur le balcon pour regarder le ciel. Il faisait doux, tellement doux et je t’ai souri à travers cet infini de bleu, parce que cela m’a semblé si évident que tu étais là, que je pouvais presque effleurer ton âme du bout des doigts. Alors j’ai éprouvé une chose nouvelle, j’ai éprouvé cet amour infini qui existe par-delà la mort, j’ai éprouvé ce que je n’avais jamais senti, seulement espéré, et que je vérifiais ce jour-là pour la première fois, grâce à toi. (…)
Désormais nous partageons ensemble ce trésor, et je ne te perdrai jamais de même que tu ne me perdras jamais, car nous vivrons toujours l’une dans l’autre de ce que nous avons partagé ensemble, et nous reprendrons d’autres conversations, je te parlerai et tu me parleras dans le silence de la nuit, dans la fleur de lis s’épanouissant dans le printemps, je te parlerai en regardant le soleil, en accouchant de mon petit garçon, en caressant son corps de nouveau-né, je te parlerai en courant vers la mer, et en buvant du vin, je te parlerai en lisant et en souriant à celui que j’aime, en embrassant ma fille, en écoutant la peine des uns et en accueillant le bonheur des autres, je te parlerai en m’endormant épuisée du devoir accompli et en me réveillant heureuse, en refusant toujours de me laisser aller à la complaisance et au jugement facile, je te parlerai en faisant l’amour et en regardant la lune, en honorant ma soif, en regardant tes enfants grandir et s’épanouir dans leur vie, en acceptant aussi de me laisser traverser par cette tristesse de ta mort, je te parlerai en conjuguant ce oui.
Oui, il faut travailler sur soi, oui, la foi est un rempart de lumière et la mort un passage.
Lorette Nobécourt, Pour Claire