Monthly Archives: December 2014

no et moi · delphine de vigan

Je voudrais seulement être comme les autres, j’envie leur aisance, leurs rires, leurs histoires, je suis sûre qu’ils possèdent quelque chose que je n’ai pas, j’ai longtemps cherché dans le dictionnaire un mot qui dirait la facilité, l’insouciance, la confiance et tout, un mot que je collerais dans mon cahier, en lettres capitales, comme une incantation.

La violence de notre société, la violence indicible du silence face à l’injustice, le sentiment de ne pas savoir où est sa place, et l’impossibilité de certains deuils… Tant de sujets qui font que ce livre m’a touchée..

Elle se tait, pendant quelques minutes, le regard dans le vague. Je donnerais tout, mes livres, mes encyclopédies, mes vêtements, mon ordinateur, pour qu’elle ait une vraie vie, avec un lit, une maison et des parents pour l’attendre. Je pense à l’égalité, à la fraternité, à tous ces trucs qu’on apprend à l’école et qui n’existent pas. On ne devrait pas faire croire aux gens qu’ils peuvent être égaux ni ici ni ailleurs. Ma mère a raison. C’est la vie qui est injuste et il n’y a rien à ajouter. Ma mère elle sait quelque chose qu’on ne devrait pas savoir. C’est pour ça qu’elle est inapte pour son travail, c’est marqué sur ses papiers de sécurité sociale, elle sait quelque chose qui l’empêche de vivre, quelque chose qu’on devrait savoir seulement quand on est très vieux. On apprend à trouver des inconnues dans les équations, tracer des droites équidistantes et démontrer des théorèmes, mais dans la vraie vie, il n’y a rien à poser, à calculer, à deviner. C’est comme la mort des bébés. C’est du chagrin et puis c’est tout. Un grand chagrin qui ne se dissout pas dans l’eau, ni dans l’air, un genre de composant solide qui résiste à tout.

words of encouragement

(and i need them)

Free Form “Wisdom” from Joyce DiDonato

the electric rise and fall of nikola tesla · marco tempest

le choc amoureux · francesco alberoni

L’amour naissant, en devenant amour, en reconstruisant sur de nouvelles bases, a accompli sa tâche révolutionnaire: restent un autre travail, une autre maison, d’autres amis, d’autres enfants. Celui qui divorce et se remarie une, deux, trois fois, retrouve souvent une situation presque semblable à la première. Bien sûr, c’est en lui et en l’autre que tout cela est écrit; mais le monde ne se fait pas lumineux et toujours renaissant à volonté. L’amour naissant disparaît donc. Si, par contre, il doit se poursuivre, comme nous nous le sommes demandés au début, il faut que la vie extraordinaire se poursuive en quelque sorte dans l’existant, qu’elle se réalise comme voyage extraordinaire à travers l’existant. Voyage fait ensemble après de dures épreuves côte à côte, découverte et confrontation, continuelle réinterprétation du monde, continuel réexamen du passé historique.
Pour certains, cela est un combat, une poésie; pour d’autres simplement la faculté de s’émerveiller en permanence d’eux-mêmes et du monde, de chercher en permanence non pas ce qui rassure ou ce que l’on connait déjà, mais ce qui est défi, beauté, création. Le voyage à l’extérieur n’est donc que l’occasion, l’instrument d’un voyage continu à l’intérieur; de même, le voyage à l’intérieur est le stimulant continuel d’un voyage à l’extérieur. Dans ces conditions, l’amour naissant continue car l’état naissant re-naît. On re-voit, on re-découvre, on re-nouvelle, on se re-nouvelle, perpétuellement, cherchant les défis et les occasions. On re-tombe alors amoureux de la même personne.

i miss my biggest heart

beautiful Emily Dickinson letter published on Letters of Note

If you were here — and Oh that you were, my Susie, we need not talk at all, our eyes would whisper for us, and your hand fast in mine, we would not ask for language — I try to bring you nearer, I chase the weeks away till they are quite departed, and fancy you have come, and I am on my way through the green lane to meet you, and my heart goes scampering so, that I have much ado to bring it back again, and learn it to be patient, till that dear Susie comes. Three weeks — they cant last always, for surely they must go with their little brothers and sisters to their long home in the west!

jaime sabines

Grâce à Xosué Martinez, le photographe qui a pris les magnifiques photos de Viaje que vous pouvez voir sur le site, je découvre la poésie mexicaine, et elle me parle très très fort…

“Yo soy sólo una parte, sólo un brazo,
Una mitad apenas, sólo un brazo.
Te recuerdo en mi boca y en mis manos.
Con mi lengua y mis ojos y mis manos.”