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magnus · sylvie germain

Comme un écho, fragmenté mais doux et profond..

Echo de Pedro Páramo, lu il y a un an et qui murmure encore à mon oreille la nuit, le désir, les fantômes, les morts qui nous parlent..

Echo d’un poème de Paul Celan découvert un jour à Bobigny en cours avec Charlotte Ginot, Todesfuge, tes cheveux d’or Margarete, tes cheveux de cendre Sulamith..

Est-ce ainsi que nous parlent les morts? s’est-elle alors demandé. Terence a répondu obliquement, disant qu’ainsi parle notre mémoire, en un ressassement continu, mais si bas, si confus, comme celui du sang dans nos veines, qu’on ne l’entend pas. On l’entend d’autant moins qu’on ne l’écoute pas. Mais il y a des livres écrits de telle sorte que, parfois, ils font sur certains lecteurs un effet semblable à celui de ces gros coquillages que l’on presse contre son oreille, et soudain on entend la rumeur de son sang mugir en sourdine dans la conque. Le bruit de l’océan, le bruit du vent, le bruit de notre propre cœur. Un bruissement de limbes. Adam a lu ce livre, qui à d’autres ne raconte qu’une histoire étrange, confuse, dont ils ne franchissent pas le seuil, et le livre se sera posé contre son oreille; un livre en creux, en douve, en abîme, où une nuée d’échos se sera mise à chuchoter.

jaime sabines

Grâce à Xosué Martinez, le photographe qui a pris les magnifiques photos de Viaje que vous pouvez voir sur le site, je découvre la poésie mexicaine, et elle me parle très très fort…

“Yo soy sólo una parte, sólo un brazo,
Una mitad apenas, sólo un brazo.
Te recuerdo en mi boca y en mis manos.
Con mi lengua y mis ojos y mis manos.”

pedro páramo · juan rulfo

Cette nuit, les rêves se sont de nouveau succédé. Pourquoi ce souvenir si vif de tant de choses? Pourquoi pas la mort tout simplement, et non cette musique plaintive du passé?

« Florencio est mort, madame. »

Que cet homme était grand! Qu’il était haut! Et que sa voix était dure. Aussi sèche que la terre la plus sèche. Et son image était floue. Ou était-elle devenue floue par la suite? On aurait dit qu’entre lui et elle s’interposait la pluie. « Qu’avait-on dit? Florencio? De quel Florencio parlait-on? Du mien? Oh! Pourquoi n’ai-je pas pleuré et ne me suis-je pas ensuite noyée dans les larmes, pour me laver de mon angoisse? Seigneur! Tu n’existes pas! Je T’avais demandé d’étendre sur lui Ta protection. De me le garder. C’est ce que je T’avais demandé. Mais Toi, Tu ne T’occupes que des âmes. Et ce que je veux de lui, c’est son corps. Nu et brûlant d’amour, bouillant de désirs, pétrissant mes seins et mes bras tremblants. Mon corps transparent suspendu au sien. Mon corps sans poids soutenu par ses forces et livré à elles. Que faire à présent de mes lèvres, sans ta bouche pour les remplir? Que faire de mes lèvres endolories? »