Category Archives: words

rosalie

Un beau texte sur mon amie clown Rosalie

aimé · dominique sigaud-rouff

Un beau livre écrit pour toutes les femmes qui ont perdu un enfant avant sa naissance – un deuil silencieux et méconnu..

Notre âge est ce qu’il est. J’ai rencontré suffisamment d’enfants de “vieux” ces derniers temps; ils savent d’emblée à quoi s’en tenir, quels parents ils ont. Aucun n’a jamais évoqué cette question comme un problème, encore moins une souffrance. Au contraire. Intuitivement je comprends. L’alliance entre leurs parents et eux est singulière. Ils sont plus que tout autre l’enfant inattendu, le présent. S’ils sont là, c’est que leurs parents ont accueilli le cadeau comme il se devait, simplement. Cela fait entre eux quelque chose de doux, un peu à part. Ces enfants-là n’attendent pas de leurs parents je ne sais quelle compensation et encore moins je ne sais quelles promesses d’avenir. Ça se passe ailleurs. Un accord tacite les lie. Il n’y a rien de plus à dire, peut-être parce qu’à leur tour, ces enfants-là risquent moins que les autres de se voir investis de je ne sais quelle charge, ou quelle dette. Ils ont juste à vivre, simplement. Ça fait d’autres rapports.

you’ve been away long enough

That fall, after the summer when they both died, she and my father, there was a point when I wanted to say to them, All right, you have died, I know that, and you’ve been dead for a while, we have all absorbed this and we’ve explored the feelings we had at first, in reaction to it, surprising feelings, some of them, and the feelings we’re having now that a few months have gone by – but now it’s time for you to come back. You’ve been away long enough.

(Lydia Davis, Can’t and Won’t – quoted by Adam Thirlwell in The Giant Slightness of Being, New York Review of Books, LXI-10)

jean le bleu · jean giono

Je sais que tu es là, toujours derrière moi. Derrière moi, maintenant, au moment où j’écris, je sais que ton amitié est plus fidèle que tous les amours du monde et que c’est, humblement, d’une autre qualité. Mais je voudrais que tu aies ta place parmi ceux qui peuvent saisir des pommes, manger des figues, courir, nager, faire des gosses, vivre.
Plus égoïstement, je voudrais que tu sois là pour moi. J’écoute. Il n’y a pas de bruit ici.
Ici, ici, où es-tu? Là-bas, dans l’ombre de la commode, il n’y a rien que mon lit. Cette chose sombre là-bas, c’est mon manteau de berger.
Tu n’es pas là. Alors. Devant les livres? Devant tes livres favoris, c’est deux ou trois que tu prenais toujours puis tu restais à lire tout debout? Es-tu là? Je touche les livres. Ils ont encore toute leur poussière.
Tu es ombre, toi là, derrière ma chaise. Je ne toucherai plus ta main. Tu ne t’appuieras plus jamais sur mon épaule. Je n’entendrai plus ta voix. Je ne verrai plus ton bon regard avec son honnêteté et son grand rayon. Je sais que tu es là, près de moi, comme tous les morts que j’aime et qui m’aiment, comme mon père, comme un ou deux autres.
Mais tu es mort.

pedro páramo · juan rulfo

Cette nuit, les rêves se sont de nouveau succédé. Pourquoi ce souvenir si vif de tant de choses? Pourquoi pas la mort tout simplement, et non cette musique plaintive du passé?

« Florencio est mort, madame. »

Que cet homme était grand! Qu’il était haut! Et que sa voix était dure. Aussi sèche que la terre la plus sèche. Et son image était floue. Ou était-elle devenue floue par la suite? On aurait dit qu’entre lui et elle s’interposait la pluie. « Qu’avait-on dit? Florencio? De quel Florencio parlait-on? Du mien? Oh! Pourquoi n’ai-je pas pleuré et ne me suis-je pas ensuite noyée dans les larmes, pour me laver de mon angoisse? Seigneur! Tu n’existes pas! Je T’avais demandé d’étendre sur lui Ta protection. De me le garder. C’est ce que je T’avais demandé. Mais Toi, Tu ne T’occupes que des âmes. Et ce que je veux de lui, c’est son corps. Nu et brûlant d’amour, bouillant de désirs, pétrissant mes seins et mes bras tremblants. Mon corps transparent suspendu au sien. Mon corps sans poids soutenu par ses forces et livré à elles. Que faire à présent de mes lèvres, sans ta bouche pour les remplir? Que faire de mes lèvres endolories? »

dans un dévoilement

“Je crois que le chant est un art où dans la voix, c’est toute une existence qui vient se raconter, aussi nue que possible. Travaillée, construite, ornementée mais dans un dévoilement qui la ramène aux origines de l’enfantement, aux premiers cris qu’on lance à pleine voix, avant l’apprivoisement des mots qui prendra des années.”

Fixer le ciel au mur, Tieri Briet

alma russell garret · beautiful character

I will be so grateful if you will trust me with your sadness, and I will trust you with mine, so that even when we are sad we will be grateful for how much we love each other and know that we are in the world as much in our pain as in our happiness.

books are real places

un beau texte de Neil Gaiman sur la lecture, le rêve éveillé et les bibliothèques