Le lendemain, Œdipe s’assied sur le seuil de la cabane et cherche à se rappeler ce qu’il a chanté la veille. Vaine entreprise, il n’y a plus en lui d’attention profonde, plus de pensée, rien que des invocations misérables et des prières en miettes. Il entend Diotime qui gravit le chemin et s’approche. Il se lève avec une sorte de colère, il s’entend dire: “Prier, toujours prier, ça sert à quoi?” la réponse est sans hésitation: “Ça sert à prier.”
Est-ce par la voix de Diotime ou par la sienne qu’elle a été proférée? Peu importe, car elle est inscrite au tréfonds de lui-même. Diotime n’est pas venue pour parler de cela, elle demande: “Plusieurs malades, qui sont chez nous, vont partir en voyage. Ils voudraient que tu viennes chanter pour eux, comme tu l’as fait hier soir. – Hier, ce n’est pas moi qui chantais, quelque chose a pris ma place. – Quelque chose qui avait ta voix, ta pensée, ta vie. Veux-tu venir ce soir?”
Tag Archives: voice
dans un dévoilement
“Je crois que le chant est un art où dans la voix, c’est toute une existence qui vient se raconter, aussi nue que possible. Travaillée, construite, ornementée mais dans un dévoilement qui la ramène aux origines de l’enfantement, aux premiers cris qu’on lance à pleine voix, avant l’apprivoisement des mots qui prendra des années.”
Fixer le ciel au mur, Tieri Briet