œdipe sur la route · henry bauchau

Le lendemain, Œdipe s’assied sur le seuil de la cabane et cherche à se rappeler ce qu’il a chanté la veille. Vaine entreprise, il n’y a plus en lui d’attention profonde, plus de pensée, rien que des invocations misérables et des prières en miettes. Il entend Diotime qui gravit le chemin et s’approche. Il se lève avec une sorte de colère, il s’entend dire: “Prier, toujours prier, ça sert à quoi?” la réponse est sans hésitation: “Ça sert à prier.”
Est-ce par la voix de Diotime ou par la sienne qu’elle a été proférée? Peu importe, car elle est inscrite au tréfonds de lui-même. Diotime n’est pas venue pour parler de cela, elle demande: “Plusieurs malades, qui sont chez nous, vont partir en voyage. Ils voudraient que tu viennes chanter pour eux, comme tu l’as fait hier soir. – Hier, ce n’est pas moi qui chantais, quelque chose a pris ma place. – Quelque chose qui avait ta voix, ta pensée, ta vie. Veux-tu venir ce soir?”

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