Comme un écho, fragmenté mais doux et profond..
Echo de Pedro Páramo, lu il y a un an et qui murmure encore à mon oreille la nuit, le désir, les fantômes, les morts qui nous parlent..
Echo d’un poème de Paul Celan découvert un jour à Bobigny en cours avec Charlotte Ginot, Todesfuge, tes cheveux d’or Margarete, tes cheveux de cendre Sulamith..
Est-ce ainsi que nous parlent les morts? s’est-elle alors demandé. Terence a répondu obliquement, disant qu’ainsi parle notre mémoire, en un ressassement continu, mais si bas, si confus, comme celui du sang dans nos veines, qu’on ne l’entend pas. On l’entend d’autant moins qu’on ne l’écoute pas. Mais il y a des livres écrits de telle sorte que, parfois, ils font sur certains lecteurs un effet semblable à celui de ces gros coquillages que l’on presse contre son oreille, et soudain on entend la rumeur de son sang mugir en sourdine dans la conque. Le bruit de l’océan, le bruit du vent, le bruit de notre propre cœur. Un bruissement de limbes. Adam a lu ce livre, qui à d’autres ne raconte qu’une histoire étrange, confuse, dont ils ne franchissent pas le seuil, et le livre se sera posé contre son oreille; un livre en creux, en douve, en abîme, où une nuée d’échos se sera mise à chuchoter.